mercredi 18 septembre 2013

Orbitopathie endocrinienne d’origine thyroïdienne

Orbitopathie endocrinienne d’origine thyroïdienne
I. Loeb, S. Medin Rey


CAS CLINIQUE

Un patient âgé de 49 ans est admis en urgence pour dyspnée

majeure. À l’examen clinique on observe une

exophtalmie bilatérale importante entravant l’occlusion

palpébrale (figs. 1 et 2). Dans les antécédents on note :

une cardiomyopathie ischémique, une BPCO tabagique,

une hernie hiatale, une kératite herpétique avec ulcère

cornéen, et une hyperthyroïdie diagnostiquée 5 mois plus

tôt et traitée par Strumazol®, 10 mg, 4x/jour.

La biologie à l’admission fait apparaître une hypothyroïdie

sévère (TSH : 67 μU/ml).

Le scanner montre une hypertrophie de l’ensemble des

muscles oculo-moteurs avec infiltration de la graisse

orbitaire (figs. 3 et 4). Malgré l’instauration d’un traitement

visant à corriger l’hypothyroïdie, le patient développe

un oedème papillaire en aggravation rapide avec

perte de l’acuité visuelle ainsi qu’une augmentation de

l’exophtalmie.

Quel est votre traitement ?





REPONSE

Ce patient présente une orbitopathie endocrinienne d’origine

thyroïdienne.

Ces orbitopathies sont associées à un dysfonctionnement

hormonal et à des perturbations auto-immunitaires

thyroïdiennes. Elles accompagnent habituellement une

hyperthyroïdie mais se rencontrent également en cas

d’hypo- voir même d’euthyroïdie [1, 2].

La survenue éventuelle d’une hypothyroïdie peut être

un facteur aggravant majeur de l’orbitopathie, illustrée

dans le cas clinique. L’orbitopathie évolue au cours du

temps selon un mode « exacerbation/rémission » qui ne

semble pas influencé par le traitement médicamenteux de

l’atteinte thyroïdienne.

Classiquement, le traitement de l’orbitopathie endocrinienne

comporte un volet médical et un volet chirurgical

[3, 4]. Le volet radiothérapique est quant à lui très controversé

dans de récentes études [5]. Le traitement médical

consiste en l’administration par voie systémique de corticoïdes

pendant une durée de 30 à 60 jours, qui apporte le

plus souvent une amélioration significative des symptômes.

L’examen ophtalmologique détermine quant à lui

l’urgence éventuelle d’un acte chirurgical ; compression

du nerf optique au cours d’une phase inflammatoire

aiguë, ulcération cornéenne secondaire à l’exophtalmie…

[6]. Le plus habituellement le traitement chirurgical intervient

au cours de la période stable de l’orbitopathie et vise

à corriger les complications cicatricielles fibreuses. Une

première étape consiste en une décompression orbitaire

osseuse qui corrige l’exophtalmie, l’étape suivante permet

la correction de la mobilité oculaire [7]. Vu la gravité de la

symptomatologie clinique de notre patient, un traitement

à base de corticoïdes par voie systémique à la dose de

1 gr/jour a été instauré mais sans aucune amélioration

significative. Devant la persistance de l’oedème papillaire

et la diminution progressive de l’acuité visuelle, un traitement

chirurgical a été programmé. Une décompression

orbitaire osseuse bilatérale par voie cutanée avec effondrement

du plancher orbitaire ainsi que du mur latérointerne,

associée à une lipectomie a été réalisée. Une

amélioration rapide et très satisfaisante des symptômes a

été observée dans les jours suivants. Le patient a bénéficié

en outre d’une rééquilibration de son traitement thyroïdien.

Habituellement, à long terme, la tendance se fait

vers une réduction et une stabilisation des manifestations

cliniques orbitaires [1].

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