mardi 23 juillet 2013

Histoire des ligatures et sutures


Histoire des ligatures et sutures
 


De tout temps, l’homme fut confronté aux traitements des plaies ; cependant,
l’absence de toute trace écrite ou artistique ancre les premières empreintes du
savoir chirurgical dans une préhistoire de supputation. Toutefois, les gestes
« chirurgicaux » existaient bien comme en témoignent les nombreux crânes
trépanés des hommes préhistoriques, mais s’agissait-il d’actes thérapeutiques
ou de rituels magiques ? L’histoire des ligatures et des sutures est plus récente ;
elle remonte aux premières civilisations de l’écriture, les peuples babyloniens,
égyptiens et indiens furent les premiers à nous transmettre leur savoir.
Assyrie, Babylonie, Égypte
Les Mésopotamiens et les Égyptiens furent les premiers à décrire la prise en
charge des plaies et la réalisation de sutures et de ligatures.
Chez les Babyloniens
Il ne persiste que peu de documents concernant la médecine opératoire mésopotamienne
et égyptienne. Cependant, certains textes médicaux dévoilent que,
dans ces temps anciens, il existait une médecine technique, opérationnelle et
raisonnée qui semble n’avoir laissé que peu de place à la mythologie, aux voyants
et autres incantation. Environ 2000 av. J.-C., Hammourabi, roi de Babylone, a
fait inscrire les lois qui régissaient son peuple, le code d’Hammourabi (1). Ce
code est le plus ancien document médical connu se rapportant à la médecine
opératoire. Le traitement des plaies s’effectuait avec la méthode du poinçon.
« 215 – Si un médecin a traité un homme d’une plaie grave avec le poinçon
de bronze, et guéri l’homme ; s’il a ouvert la taie d’un homme avec le poinçon
de bronze, et a guéri l’oeil de l’homme, il recevra dix sicles d’argent.
S’il s’agit d’un mouchkînou, il recevra cinq sicles d’argent.
217 – S’il s’agit d’un esclave d’homme libre, le maître de l’esclave donnera au
médecin deux sicles d’argent.
218 – Si un médecin a traité un homme libre d’une plaie grave, avec le
poinçon de bronze, et a fait mourir l’homme, s’il a ouvert la taie d’un homme
avec le poinçon de bronze, et a crevé l’oeil de l’homme, on coupera ses mains
 
219 – Si un médecin a traité d’une plaie grave, l’esclave d’un mouchkînou,
avec le poinçon de bronze, et l’a tué, il rendra esclave pour esclave.
Décrets d’équité, que Hammourabi, le roi puissant, a statués ! »
À travers le traitement des plaies, l’apprentissage des sutures et des ligatures,
le code d’Hammourabi place la thérapie au centre de la démarche médicale,
s’échappant ainsi à une médecine magique et divinatoire.
Chez les Égyptiens
La réalisation des sutures chirurgicales chez les Égyptiens fut courante ; elle est
mentionnée notamment dans le papyrus d’Edwin Smith (2, 3) (1650 av. J.-C.) :
« descriptif concernant une plaie à la partie antérieure du cou.
Si tu procèdes à l’examen d’un homme ayant une plaie béante à la partie
antérieure du cou qui transperce jusqu’au gosier, s’il boit de l’eau, il défaille,
alors que cela sort par l’orifi ce de sa plaie, alors qu’elle est chaude à l’excès et
qu’il attrape la fi èvre à cause de cela, tu devras maintenir ensemble (les lèvres
de) cette plaie avec du fi l.
Tu diras à ce sujet : “un homme atteint d’une plaie à la partie antérieure du
cou, qui transperce jusqu’au gosier, un mal avec lequel je combattrai.”
Tu devras la panser avec de la viande fraîche le premier jour. Tu devras la
soigner ensuite avec de la graisse, du miel et des tampons végétaux chaque jour
jusqu’à ce qu’elle aille bien. Mais si tu constates qu’il est chaud à cause de cette
plaie, tu devras mettre en place un tampon végétal sec dans l’orifi ce de la plaie
et le laisser à son pieu d’amarrage jusqu’à ce qu’elle aille bien. »
Dans le papyrus de Smith est aussi décrite l’utilisation de fi l et de bandes
adhésives (4) : « descriptif concernant une plaie (béante à la tête) qui monte
jusqu’à l’os. (…) Quant à l’expression “deux bandes (adhésives ?) de lin” (elle
désigne) deux bandes [de lin qu’on place sur les deux lèvres d’une plaie béante
pour permettre qu’une (lèvre) joigne l’autre] lèvre (…). »
Cependant, la médecine égyptienne était essentiellement incantatrice, et
certains papyrus médicaux furent essentiellement magiques, notamment celui
de Londres. Ils font appel à une fabulation mythique et d’une médication
déiste, voici par exemple une des incantations à dire et à faire pour arrêter un
saignement (5) : « arrière (…) Arrière, dieu qui viens Arrière (…). Les dieux
qui président à Héliopolis t’ont repoussé. N’aie crainte, enfant-dieu Ihy, j’ai
apporté pour toi le fi l de première qualité, le duvet d’un pigeon noir (?) des
poils d’un âne nouveau-né, un foie de tortue. Que l’on dise cette formule sur
un fi l de première qualité, le duvet d’un tissu-menou noir (?), des poils d’un
âne nouveau-né (…) sur une bande tournée à gauche, à laquelle sont faits
quatre noeuds. Enduire avec un foie de porc. Ce sera appliqué à la femme,
dans son anus. N’importe quel sang et n’importe quelle action (divine) seront
repoussés… ».

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