mardi 23 juillet 2013

Chirurgie européenne



Chirurgie européenne

En Europe, l’un des premiers chirurgiens à publier un traité chirurgical est
Henri de Mondeville, qui fut le chirurgien de Philippe le Bel. Il a composé son
livre Chirurgia de 1306 à 1320. Il mettra son oeuvre sous la protection de Saint
Côme et de Saint Damien. Henry de Mondeville va développer l’art des sutures

et des ligatures par analogie avec d’autres corporations. Pouchelle écrit (23) :
« Très concrètement Mondeville empruntait dans sa pratique quotidienne,
outils et techniques aux artisans de son temps. »
À propos de l’extraction d’une pièce en fer dans le corps, il écrit (24) : « (…)
au moment de l’extraction quelqu’un rapprochera fortement les lèvres de la
plaie, et les présentera peu à peu au chirurgien, qui les suturera profondément
et à points rapportés avec une grosse aiguille et du fi l fort, comme les pelletiers
cousent la peau. La suture faite, quelqu’un recouvrira, en la comprimant, toute
la blessure avec la paume de la main, pendant une heure ou plus, ce qui suffi t
pour toute blessure. On soulèvera ensuite légèrement la main ; si le sang ne
coule pas, on pansera la plaie comme il convient ; si le sang n’est pas arrêté, on
appliquera de nouveau la main sur la plaie comme avant, jusqu’à ce que le sang
s’arrête ou que le malade fatigué et affaibli succombe dans une syncope.
XIV. Le chirurgien doit toujours être muni contre l’écoulement du sang,
à cause des cas fortuits ; surtout, qu’il trouve rapidement, s’il en a besoin des
aiguilles munies de fi l…notre sollicitude nous a fait inventer une nouvelle
manière d’enrouler le fi l autour de l’aiguille de façon que l’on puisse la retirer
du support plus rapidement et plus facilement, ce qui évite bien des dangers. »
L’art des sutures et des ligatures chez Mondeville fut poussé à l’extrême. Il
fut l’un des premiers à décrire l’utilisation conjointe de ligatures, de cautérisation,
et l’application de pansement hémostatique (25) : « Si le sang coule avec
impétuosité d’un seul point limité et déterminé, comme une veine, on tiendra
le doigt dessus pendant une heure environ, jusqu’à ce que le sang se coagule. S’il
ne s’arrête pas ainsi, on suturera, liera ou cautérisera l’extrémité de la veine ou
de l’artère. S’il ne s’échappe pas d’une seule place déterminée, qui ne puisse être
fermée, on appliquera le remède de Galien. S’il ne suffi t pas on cautérisera les
orifi ces des veines et des artères. Telle est la brève, utile et suffi sante technique
des modernes sur la manière d’arrêter un écoulement de sang. »
Ainsi, en cet automne moyenâgeux et contrairement aux idées reçues l’art
des ligatures et des sutures était particulièrement développé. C’est plus de deux
siècles avant Amboise Paré qu’Henry de Mondeville a décrit la ligature artérielle
! Toutefois, ligature et suture furent pendant longtemps encore synonyme
de cautérisation.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire