4. Plancher pelvien et sphincters
Lors des premières semaines de développement,
l’ébauche sacro-coxale accompagne la septation
pelvienne dans le temps et l’espace : ainsi l’ouverture
du méat urétral coïncide-t-elle avec la fermeture
en avant de la symphyse pubienne (fi g. 9).
Le mésenchyme autour de la condensation chondrale
de cette ébauche se diff érencie ensuite en
myoblastes, en interaction avec les fi bres nerveuses.
Une partie de ce mésenchyme provient du
mésoblaste somitique, et une autre correspond
au contingent extra-embryonnaire réintégré lors
de la délimitation (1).
4.1. Muscle levator ani
De même que le muscle diaphragme se constitue
avec le mésoblaste somitique de C4 et le septum
transversum réintégré de la zone cardiogénique,
le diaphragme pelvien prend son origine à la fois
dans le mésoblaste des somites sacro-coccygiens
et dans le mésenchyme péri-allantoïdien. Dans ce
contingent, on reconnaît une portion crâniale à
l’allantoïde, qui forme le muscle pubo-rectal (visible
dès la 9e SD), et une portion caudale à l’allantoïde
qui donne les muscles périnéaux superfi ciels
annexés aux corps érectiles. Le mésoblaste somitique
conduit à la diff érenciation à la 10e SD d’une
nappe musculaire qui vient se fi xer au détroit inférieur,
(c’est la partie latérale du muscle levator
ani), et du muscle transverse profond du périnée
(7). Les fi bres musculaires s’organisent autour des
fi lières viscérales, en se croisant sur la ligne médiane
dans les deux plans axial et frontal. Chez
le foetus, elles sont très intimement mêlées, et ne
deviennent individualisables avec la croissance
que lorsque la graisse les dissocie en faisceaux, que
l’on nomme parfois en fonction de la portion d’os
coxal où ils prennent leur insertion.
4.2. Sphincters
Leur apparition se fait dès la 9e-10e SD, où l’on
peut noter des cellules mononucléées dans la paroi
urétrale. C’est alors un sphincter « primitif »
commun, situé dans les parois ventrale et latérale
de l’urètre, sans que l’on puisse y reconnaître une
diff érenciation lisse ou striée. Au cours des semaines
12 et 13, ce sphincter primitif augmente
en taille et il devient possible d’identifi er les fibres lisses entourées par les fi bres striées qui vont
constituer dès lors le sphincter externe (21, 22).
La prostate se développe alors. Elle va seulement
limiter le développement du sphincter strié sur
les parois latérales de l’urètre.
Après la 15e semaine, les deux sphincters sont bien
individualisés et forment l’un comme l’autre un
anneau incomplet ouvert dorsalement (raphé mésenchymateux)
conférant au sphincter strié notamment
sa forme en oméga. Ce sphincter est composé
de fi bres lentes et est étranger au levator ani dont
nous avons vu l’organogenèse. Il ne commence à se
développer du reste que 2 semaines après lui.
La composition histologique des fi bres striées est
intéressante : ses fi bres polynucléées proviennent
en fait de l’incorporation d’éléments mononucléés.
Des cellules « satellites » les entourent,
qui peuvent prendre part à une régénérescence
possible des fi bres sphinctériennes. Des applications
expérimentales ont de ce fait été réalisées
chez les rongeurs. Après section de l’urètre et
constatation d’une baisse de la pression endourétrale,
des cellules musculaires (myoblastes)
squelettiques ont été incorporées dans la zone
déhiscente. Elles s’incorporent alors aux fibres
sphinctériennes avec pour conséquence une
réaugmentation de la pression endo-urétrale.
Ces constatations histologiques et fonctionnelles
sont encourageantes pour le futur développement
de telles greff es lors du traitement de
l’incontinence sphinctérienne (23).
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