L’approche radio-anatomique de la région
périnéale profonde et du sphincter strié urétral
1. Introduction
Le périnée antérieur masculin est une région anatomiquement
diffi cile à étudier. Ses premières
grandes études se réfèrent aux travaux d’anatomie
chirurgicale de Colles en 1811 (1) et de Carcassonne
en 1821 (2). Le xixe siècle est riche en
publications (3-9) mais dès 1837 dans sa thèse,
Denonvilliers mentionne la diffi culté de ses limites
et déplore certaines dénominations souvent diff érentes
et parfois arbitraires de ses structures (3).
En 1895 Delbet insiste aussi sur la complexité de
la région périnéale, qu’il attribue essentiellement à
la variété de la nomenclature pour des structures
qui paraissent identiques. C’est Henle, en 1873
(5), qui propose le concept de « périnée antérieur
profond » qu’il assimile à un « diaphragme urogénital
» compris entre deux aponévroses (fascias),
l’une supérieure, l’autre inférieure contenant les
muscles transverses profonds, les glandes bulbourétrales
et l’urètre membraneux. Il reconnaît
également le sphincter urétral qui distribue ses
fi bres striées sur la face antérieure de la prostate,
l’aponévrose supérieure du diaphragme urogénital
séparant prostate et muscles transverses du
périnée tout en précisant une possible continuité
entre le muscle « sphincter de la prostate » et les
muscles contenus dans ce diaphragme. Holle, en
1897, divise les muscles transverses profonds du
périnée en plusieurs entités, muscle sphincter de
l’urètre membraneux, muscles compresseurs des
glandes de Cooper (glandes bulbo-urétrales) et
muscles transverses profonds du périnée (9). Le
concept de diaphragme urogénital parfois nommé
« diaphragme pelvien accessoire » (10) date de ces
descriptions princeps et est souvent repris dans
les livres d’anatomie. Quelques années plus tard,
Kalischer (11) décrit les caractéristiques de la musculature
urogénitale chez l’enfant et chez l’adulte
puis, dans leurs ouvrages Poirier et Charpy (12),
Testut et Jacob (13) fournissent déjà des descriptions
relativement précises du sphincter urétral.
Par contre, ils ne reconnaissent pas la notion de
diaphragme urogénital mentionnant même que
ce nom est « impropre » à cette région. Plus récemment
Gil Vernet (14), puis Hayek (15, 16) et
Haines (17) apportent des éléments structuraux
et fonctionnels sur le sphincter de l’urètre sans
toutefois pouvoir eff acer, totalement, la notion de
diaphragme urogénital. Oelrich, en 1980 (18), par
un travail anatomique fondamental (dissections et
coupes sériées), étudiant des « préparations » d’en-
fants et d’adultes jusqu’à 70 ans ne retrouve pas de
véritable structure diaphragmatique qui supposerait
un sphincter strié transversal compris entre 2
fascias, sous la prostate et séparé d’elle par le fascia
supérieur du soi-disant diaphragme urogénital. Au
contraire, il décrit le sphincter urétral comme une
« unité vésico-urétro-prostatique et sphinctérienne »
qui s’étend du pelvis, en avant et latéralement à
la prostate jusqu’à la membrane périnéale tendue
entre les parties antérieures des 2 branches ischiopubiennes
et qui franchit ainsi le hiatus urogénital.
Pour lui (18), cette « unité » évolue lors du
développement de la prostate, à ses dépens, amincissant
certaines de ses parties, les réduisant, voire
les atrophiant, la croissance prostatique repoussant
caudalement une partie de cette unité sphinctérienne
qui se trouve ainsi en dessous du bec de la
prostate. Des études anatomiques et histochimiques
couplées, aidées de reconstructions en trois
dimensions enrichissent les descriptions (19-25).
Elles confi rment la présence de fi bres musculaires
sur les faces antérieure et latérales de la prostate,
étendues du col vésical à l’apex prostatique, et la
présence, sous elle, d’une structure musculaire, le
véritable sphincter strié urétral. Entourant l’urètre
membraneux, celui-ci apparaît de forme variable
sur les coupes transversales, circulaire ou en forme
de « fer à cheval » ou « d’oméga », à concavité
postérieure, le cravatant antérieurement et latéralement
fi xés en arrière sur les structures fi breuses
situées entre le bec de la prostate et le bulbe du
corps spongieux (26). Latéralement à lui, des fi -
bres musculaires transversales sont retrouvées (27)
le reliant aux branches ischio-pubiennes. Elles correspondent
pour certains (18) aux muscles transverses
profonds, mais leur existence est mise en
doute par d’autres (28, 29). L’apex prostatique, de
forme lui aussi variable (30), s’enclave alors dans le
hiatus urogénital formé par les muscles élévateurs
de l’anus de chaque côté et pénétrant sans limites
nettes dans les formations musculaires striées de
l’espace périnéal profond (31). De son sommet,
l’urètre est ainsi entouré d’un sphincter strié qui
centre une véritable unité anatomique fonctionnelle
formée en avant de plexus veineux, latéralement
du fascia pelvien pariétal qui se réfl échit
en fascia prostatique (pelvien viscéral) et en arrière
qui est « liée » au septum recto-vésical (fascia de
Denonvilliers) (31). Les travaux sur l’embryogénèse
(12, 13, 18, 23, 32) de cette région apportent
aussi des bases conceptuelles pour appuyer cette
connaissance actuelle.
Les variations de confi guration interindividuelles
et intra-individuelles dictées par la maturation
et la pathologie prostatique (26), la variété des
concepts et de la terminologie retrouvée dans la
littérature (muscles, sphincter externe de la vessie,
constricteur du canal urogénital, compresseur
de la prostate, sphincter urétral de la prostate,
sphincter de l’urètre membraneux, transverse
de l’urètre, compresseur des glandes de Cooper,
transverses profonds) et non totalement uniformisée
par la dernière révision de la nomenclature
anatomique internationale (33) rend compte de
la diffi culté de reconnaissance de cette structure
anatomique à qui l’on attribue une part importante
de la continence urinaire active et qui est,
en plus, susceptible d’être fortement modifi ée par
des variations interindividuelles, mais aussi intraindividuelles
en fonction de l’âge et par la pathologie
et son traitement chirurgical (26, 31, 34).
L’ensemble de ces descriptions s’appuie sur différents
types de travaux anatomiques, histochimiques
et chirurgicaux. Les études anatomiques
(fi g. 1) et histochimiques nécessitent une approche
par des dissections, parfois « délabrantes »,
sur des préparations cadavériques diversement
conservées, susceptibles de modifi er certaines
structures plus ou moins bien retrouvées et donc
analysées. Les observations chirurgicales sont des
situations obligées et conditionnées par le traitement
de composants anatomiques devenus pathologiques.
La nécessité de compréhension des mécanismes
de la continence urinaire de l’homme, dévolue
en partie aux éléments musculaires du périnée
profond, impose néanmoins d’en reconnaître ses
structures dans des conditions les plus « physiologiques
» possibles.
Ainsi l’apport de la radio-anatomie est maintenant
une aide dans cette démarche, avec « l’espoir »
d’une visualisation de « l’anatomie sur le vivant »
en conditions anatomo-physiologiques, voire
pathologiques, avec des possibilités de lecture
d’images en coupes permettant des reconstructions
spatiales. L’IRM (imagerie par résonance
magnétique) est maintenant (28, 35-40) et ici
une technique « élégante » d’approche des structures
musculaires striées de cette région, d’autant
qu’elle évite les artefacts de dissections.
2. « Revue » IRM de la région périnéale
profonde antérieure
« Lecture » IRM
Neuf images « IRM » sont sélectionnées pour tenter
d’isoler les diff érentes structures constituant la
partie la plus profonde de la région périnéale. Elles
sont toutes en T2 (appareil GE 1,5 T). Les coupes
frontales sont eff ectuées avec une antenne endorectale,
alors que les coupes sagittales et axiales
sont réalisées à l’aide d’une antenne pelvienne.
Pour la lecture de chaque image, certaines coupes
ont été zoomées sur le périnée. En T2, les muscles
et les fascias apparaissent « gris foncé » (hyposignal).
À l’opposé, la graisse, les espaces vasculonerveux
et la lumière des viscères (contenant de
l’urine) apparaissent en hypersignal « gris clair
ou blanc ». En T1, la prostate est homogène en
hyposignal modéré, proche de celui des muscles
striés. En T2, l’anatomie zonale est visible avec la
zone périphérique en hypersignal, entourant la
zone de transition en hyposignal, avec un aspect
hétérogène et multinodulaire dans les volumineuses
hypertrophies bénignes de la prostate.
– Coupes frontales : trois coupes frontales sont
isolées.
Elles sont en T2 avec antenne endorectale : l’une
antérieure est en avant de l’urètre (fi g. 4), une
coupe intermédiaire passe par la lumière urétrale
(fi g. 5), une coupe postérieure est en arrière de
l’urètre, en arrière du bec de la prostate (fi g. 6).
Elles permettent d’évaluer le développement latéral
du périnée antérieur profond et son étendue
en hauteur, d’analyser ses rapports avec les
structures sus- et sousjacentes et son contenu au
pourtour de l’urètre.
– Coupe sagittale en T2 avec antenne pelvienne :
une seule coupe sagittale est retenue (fi g. 7).
Il s’agit d’une coupe sagittale paramédiane
latéro-urétrale. Elle situe les limites du périnée
antérieur profond d’avant en arrière, évalue
également son étendue en hauteur, ses rapports
sus- et sous-jacents, mais aussi antérieurs et postérieurs
et son contenu latéralement à l’urètre.
– Coupes « axiales » (transversales ou horizontales)
en T2 avec antenne pelvienne : cinq coupes
sectionnent horizontalement le périnée. La
plus superfi cielle sous-pubienne passe par le
périnée antérieur superfi ciel (fi g. 8).
Plus profondément une seconde coupe se situe
dans la partie basse du périnée antérieur profond
(fi g. 9). La 3e plus haute située (fi g. 10) se
place à la partie inférieure des foramens obturés,
tangentiellement à la partie supérieure des branches
ischio-pubiennes et correspond à la coupe
« référante » du périnée antérieur profond. Audessus
de la précédente, la 4e coupe (fi g. 11) au
tiers inférieur de la symphyse pubienne, se place
dans la partie moyenne des foramens obturés. La
dernière (fi g. 12) sectionne le tiers moyen de la
symphyse pubienne et l’apex coccygien. Toutes
limitent latéralement la région périnéale à différents
étages afi n de permettre une lecture des
structures musculaires et conjonctives entourant
les canaux excréteurs périnéaux et leur développement
sus- et sous-jacent.
Limites de la région périnéale
profonde antérieure
En avant et latéralement, la région périnéale
profonde est limitée par les branches ischiopubiennes
(BI), naissant des tubérosités ischiatiques
(TI), bien observées en IRM sur les coupes
axiales (fi g. 10 et 11) et dirigées de l’arrière vers
l’avant en s’unissant au niveau de la symphyse
pubienne en hyposignal intense. La symphyse est
renforcée par le ligament arqué sous-pubien (la)
en hyposignal intense également, débordant latéralement
à la face postérieure de chaque branche
ischiopubienne (BI).
Sa limite postérieure, sur ces coupes axiales
(fi g. 10 et 11), correspond à la ligne virtuelle horizontale,
tangentielle et antérieure au canal anal
en hyposignal modéré, entouré par son sphincter
(CA). Cette ligne virtuelle se prolonge latéralement
jusqu’à la jonction des tubérosités ischiatiques
(TI) et des branches ischio-pubiennes (BI)
et sépare le périnée antérieur du périnée postérieur.
Dans le plan axial, il est alors aisé de repérer
le périnée antérieur profond qui a la forme
d’un triangle horizontal à base postérieure (ligne
virtuelle horizontale) et à pointe antérieure correspondant
à la symphyse pubienne.
De l’avant vers l’arrière, et sur une coupe sagittale
(fi g. 7), le périnée profond antérieur s’étend de la
face postérieure et inférieure des pubis (Pu) et de
leur symphyse jusqu’à la partie antérieure de l’appareil
sphinctérien anal. Il est au-dessus du périnée
antérieur superfi ciel et « sous-lévatorien ».
Le périnée antérieur superfi ciel contient les éléments
érectiles. Les coupes frontales IRM permettent
de situer ces formations (fi g. 4, 5 et 6). Corps
érectiles et muscles érectiles bulbo-spongieux
médian et ischio-caverneux latéralement accrochés
à la face médiale de chaque branche ischio-
pubienne sont visibles en hypersignal avec
une partie périphérique en hyposignal modéré
correspondant aux muscles bulbo-spongieux
et ischio-caverneux qui leur sont associés. Il est
diffi cile d’isoler un signal correspondant à ce qui
est nommé la membrane périnéale. Sur la coupe
sagittale (fi g. 7), un hyposignal intense se situe
en arrière et en bas du pubis et peut représenter
la coupe sagittale du ligament transverse (LT) du
périnée, partie antérieure théorique et renforcée,
de la membrane périnéale. En arrière, il n’est pas
possible concrètement de préciser et de dissocier
les structures marquées en hyposignal. Ces structures
peuvent correspondre à des éléments fi bromusculaires
du centre tendineux du périnée en
lien en bas avec l’insertion postérieure du muscle
bulbospongieux visible en hyposignal modéré,
entourant le corps spongieux (CS) en hypersignal
et relié en arrière à l’appareil sphinctérien
anal. Des bandes en hyposignal plus intense se
démarquent de cet ensemble et peuvent correspondre
au soi-disant muscle urétro-rectal (36).
S’il est classique de défi nir le périnée antérieur
profond comme « sous-lévatorien », la réalité
anatomique est plus complexe. Il n’est eff ectivement
pas isolé de fascia recouvrant le périnée
profond et le séparant des muscles élévateurs
de l’anus droit et gauche. Par contre, le périnée
profond semble étroitement « lié » aux faisceaux
les plus internes des muscles élévateurs de l’anus
(LA) qui limitent le hiatus urogénital, véritable
« goulot d’étranglement » laissant glisser l’urètre
dans son segment sous-prostatique, ce qui est
bien visible sur les coupes frontales (fi g. 4, 5 et
6). Les muscles élévateurs de l’anus se dessinent
frontalement par un aspect triangulaire (ou de
virgule inversée) à base médiale et inférieure, sans
que l’on puisse néanmoins dissocier leurs diff érents
faisceaux musculaires. Sur ces coupes, ils
enclavent le bec de la prostate. Il est possible de
percevoir entre la face supérieure de chacun des
muscles élévateurs de l’anus sur leur bord supéromédial
un fi n « liseré gris » qui se prolonge sur
les faces latérales de la prostate en eff ectuant une
concavité supérieure. Il s’agit transversalement
du fascia pelvien pariétal recouvrant les muscles
élévateurs de l’anus et qui fait sa réfl exion en se
transformant en fascia pelvien viscéral lorsqu’il
recouvre la prostate (Pr). En avant (fi g. 4),
celle-ci est matérialisée par une zone de transition,
relativement hétérogène, en hyposignal modéré,
composée de nodules fi bromusculaires et séparée
de la zone périphérique. En arrière, où elle est la
plus développée (fi g. 6), la zone périphérique (en
hypersignal) prédomine. Il existe une mauvaise
démarcation avec la zone de transition de petite
taille (en hyposignal). Les coupes axiales permettent
par contre de préciser les faisceaux musculaires
des muscles élévateurs de l’anus de chaque
côté. Ces faisceaux, en hyposignal, peuvent être
« localisés » et diff érentiés selon leur origine et
leur terminaison. Ainsi, sur la coupe de jonction
entre la partie la plus profonde du périnée superfi
ciel et le périnée plus profond (fi g. 8 et 9),
des fi bres musculaires en hyposignal sont directement
liées à la partie basse du sphincter urétral
central. Ces fi bres les plus internes et les plus
basses peuvent correspondre de chaque côté aux
fi bres pubo-périnéales du faisceau pubo-viscéral
du muscle élévateur de l’anus (35, 36, 39, 40).
Des fi bres musculaires externes aux précédentes
se terminent sur les parois antérieures et latérales
du canal anal. Elles peuvent correspondre aux
fi bres pubo-anales du faisceau pubo-viscéral du
muscle élévateur de l’anus de chaque côté. Les
fi bres musculaires les plus externes, dirigées, de
l’avant vers l’arrière, du dehors en dedans, cravatent
en arrière le canal anal. Ce sont les fi bres de
chacun des faisceaux pubo-rectaux, droit et gauche
des muscles élévateurs de l’anus, fusionnés
sur la ligne médiane. Ils réalisent une véritable
sangle musculaire postérieure au canal anal. Sur
les coupes situées plus profondément (fi g. 9, 10 et
11), les fi bres les plus internes du faisceau puboviscéral,
de chaque côté, semblent véritablement
« liées » aux faces latérales de la prostate, leur
terminaison se perdant dans le tissu glandulaire.
Elles pourraient ainsi être assimilées à de véritables
fi bres « puboprostatiques ». Latéralement à
elles se retrouvent toujours de chaque côté des
fi bres s’insérant par leurs terminaisons sur les faces
latérales du canal anal (fi bres pubo-anales),
alors que les plus externes encerclent en arrière le
canal anal en marquant progressivement la jonction
recto-anale. La coupe axiale la plus profonde
(fi g. 12) matérialise le « sanglage postérieur » de
la jonction recto-anale.
L’espace en hypersignal, situé de chaque côté, entre
le muscle puborectal, en dedans, et la branche
ischio-pubienne homolatérale, en dehors, correspond
à la partie basse des fosses ischio-pubiennes,
latéro-anales qui se prolongent en avant au niveau
du périnée antérieur profond par des
récessus (ra) des « fosses ischio-rectales », en dessous
des muscles élévateurs de l’anus (fi g. 6).
Il est diffi cile sur ces images IRM de défi nir les
limites en hauteur de l’espace périnéal profond.
La membrane périnéale est mal matérialisée, probablement
l’objet de variations interindividuelles
(36). Il n’est pas retrouvé de feuillet fi breux (aponévrose
supérieure du soi-disant diaphragme urogénital
de Henle) séparant la prostate en haut et le
périnée antérieur profond en bas (35, 36, 39, 40).
Transversalement, il existerait plutôt, une continuité
d’une unité « vésico-prostato-urétrale »,
l’urètre pénétrant dans cet espace par le « goulot
d’étranglement » provoqué par les faces médiales
verticales des muscles élévateurs de l’anus droit
et gauche, permettant ainsi le prolongement de
la cavité pelvienne dans le périnée. En arrière de
cet espace (fi g. 7) s’organise un carrefour de fi bres
musculaires et conjonctives (centre tendineux du
périnée) révélées par un hyposignal, au-dessus, en
haut et en arrière du bulbe du corps spongieux,
en avant du sphincter anal et en arrière et en bas
de la partie postérieure du bec de la prostate. Les
coupes axiales, par contre, précisent les rapports
entre les muscles élévateurs de l’anus de chaque
côté et le contenu de cet espace. Il semble exister
des liens étroits entre certains faisceaux des muscles
élévateurs de l’anus et les organes fournissant
les canaux excréteurs périnéaux des viscères pelviens.
Il en est ainsi des fi bres pubo-périnéales,
« puboprostatiques » et pubo-anales des faisceaux
pubo-viscéraux (ou pubo-coccygiens) pour les
faces latérales de la prostate et du faisceau puborectal
pour la jonction recto-anale (34). Mécaniquement,
ces fi bres, par leur organisation, pourraient,
lors de leur contraction et puisqu’elles ont
un point fi xe uniquement sur les pubis en avant,
fermer respectivement le premier coude de l’urètre
et le cap anal.
Contenu de la région périnéale
profonde antérieure
Elle est centrée par l’urètre dit « membraneux ».
Ses parois, en hypersignal (fi g. 5) limitent la lumière
urétrale centrale, collabée, en hyposignal.
Latéralement, l’urètre est entouré par le sphincter
en hyposignal modéré, avec un signal plus élevé
que les muscles striés de voisinage (muscles élévateurs
de l’anus et obturateurs internes). Sa moitié
supérieure est intraprostatique, dans la zone périphérique
en hypersignal. Le fascia pelvien viscéral
correspond au liseré d’hyposignal qui tapisse
la zone périphérique et qui recouvre les faces externes
du sphincter, de chaque côté, en débordant
latéralement pour atteindre le bord supéromédial
de chaque muscle élévateur de l’anus
(fascia pelvien pariétal). La moitié inférieure du
sphincter, extraprostatique, forme une cupule à
l’urètre qui change de direction. De chaque côté,
ce sphincter semble se prolonger latéralement
par une structure musculaire en hyposignal modéré
qui rejoint la branche ischio-pubienne homolatérale.
Il peut s’agir des muscles transverses
profonds droit et gauche qui comblent ainsi en
partie l’espace profond du périnée. Le fond de la
cupule s’intègre, sans limite nette décelable, dans
les éléments érectiles spongieux.
En avant (fi g. 4), l’urètre prostatique, dans sa
partie inférieure, apparaît comme la ligne blanche
verticale en hypersignal. Immédiatement en
dessous, il est cerné dans la zone périphérique par
le sphincter urétral particulièrement développé,
en hyposignal modéré, prenant la forme d’une
« amphore ». Cette coupe confi rme la situation
intraprostatique de la moitié supérieure du
sphincter. Sa partie inférieure, plus renfl ée, s’épanouit
dans l’espace périnéal profond atteignant
en bas les éléments érectiles spongieux.
En arrière de l’urètre (fi g. 6), la partie postérieure
du sphincter est « fl oue », l’hyposignal est beaucoup
plus modéré, et il n’est pas possible d’isoler
une structure organisée. Le bec de la prostate
se fond sans limite nette dans un ensemble qui
pourrait être fi bro-musculaire compris en haut
entre la face postérieure de la prostate dans sa partie
inférieure, en bas par les éléments spongieux
érectiles, latéralement par les muscles transverses.
La même diffi culté de lecture se retrouve sur la
section parasagittale (fi g. 7) où il existe en bas et
en arrière de la prostate, un « magma » en hyposignal,
diffi cile à individualiser, mais dans lequel
se termine une « ligne » en hyposignal intense,
séparant les vésicules séminales en haut, puis la
face postérieure de la prostate en bas, du rectum
et qui pourrait correspondre au septum rectovésical.
Dans cette région, l’urètre est ainsi entouré
principalement en avant et latéralement par le
sphincter. Celui-ci s’observe sur les coupes axiales.
Sur la section la plus basse passant en dessous
de l’urètre (fi g. 8), il est enserré en avant par les
éléments érectiles. Il se trouve encerclé postérieurement
par les fi bres musculaires les plus internes
des muscles élévateurs de l’anus. Plus profondément
(fi g. 9), dans sa partie extraprostatique,
il est le plus développé, en lien en arrière avec
l’appareil sphinctérien anal. Puisqu’il entoure,
dans le périnée profond, l’ensemble de l’urètre,
Myers et al. (36) proposent d’appeler ce segment
urétral « urètre sphinctérien » plutôt qu’« urètre
membraneux ». En avant de lui se dessine une
structure en hyposignal d’aspect arciforme à
concavité postérieure qui semble pouvoir correspondre
au « stroma fi bro-musculaire antérieur »
de la prostate contenant encore des reliquats de
fi bres musculaires striées (22). Il se prolonge latéralement
(muscles transverses profonds ?) et
l’hyposignal modéré qui le caractérise se fond en
dessous des faisceaux des muscles élévateurs de
l’anus. Dans sa portion intraprostatique (fi g. 10
et 11), il est essentiellement développé en avant
et latéralement lui donnant alors son aspect classiquement
décrit, en « oméga » ouvert en arrière,
ou en fer à cheval à concavité postérieure (21, 25,
29, 35, 36). Sur la coupe la plus profonde (fi g.
12), l’urètre est prostatique. En avant et latéralement
à la prostate, intriqué à sa face antérieure et
débordant latéralement, un hyposignal marqué
peut correspondre au « stroma fi bro-musculaire
antérieur » appartenant à la capsule prostatique
et fait probablement de fi bres musculaires striées
(22), reliquat involutif du développement initial
du sphincter strié (18), ces coupes étant réalisées
chez un homme âgé (70 ans).
Ainsi, le segment urétral parcourant l’espace profond
du périnée est entouré par une structure
musculaire, que l’on peut individualiser en IRM
en hyposignal modéré, mais avec un contraste
plus élevé que les muscles striés de voisinage.
Il en est ainsi aussi de ce qui pourrait être assihttp
milé aux muscles transverses profonds, discutés
(28, 29). Ce sphincter semble se dessiner dans
un développement plus important en avant et
latéralement, se prolongeant de chaque côté par
les muscles transverses profonds qui le fi xeraient
alors indirectement aux branches ischiopubiennes
droite et gauche. Son extension en hauteur se
fait dans une partie intraprostatique.
3. Conclusion
La présence d’une portion intraprostatique de
fi bres musculaires apparemment striées (bien
visible en échographie endocavitaire et en IRM)
soulève la question du compromis entre une
chirurgie carcinologiquement satisfaisante et le
risque de délabrement du sphincter restant, pénalisant
les capacités de continence.
La démonstration radio-anatomique de nombreuses
connexions du sphincter strié urétral
qui enclave l’apex de la prostate et qui est lié,
en avant avec les plexus veineux et les ligaments
pubo-prostatiques et transverse, latéralement
avec les branches ischio-pubiennes par l’intermédiaire
de structures musculaires pouvant être
assimilées aux muscles transverses profonds et
en arrière avec le fascia recto-vésical, amène à
considérer l’urètre masculin comme l’élément
central d’une véritable unité anatomique fonctionnelle.
Le développement des explorations d’imagerie, en
particulier endocavitaire et des corrélations anatomiques
et fonctionnelles, permettront sans doute
une meilleure compréhension du rôle de chacun
de ses composants anatomiques et donc des mécanismes
de la continence urinaire masculine.
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