2. Période indifférenciée
2.1 Stades précoces du
développement (fi g. 1)
Dès après la phase de gastrulation (3e SD), l’embryon
primitivement discoïde commence à se
délimiter : les feuillets se replient dans les deux
sens, crânio-caudalement et médialement. Lors
de ces mouvements cellulaires plusieurs phénomènes
primordiaux interviennent :
– réintégration du mésenchyme extra-embryonnaire
(MEE) ;
– intégration de l’allantoïde ;
– préservation extra-embryonnaire des gonocytes
primordiaux primitivement individualisés dans
le MEE qui entoure la vésicule vitelline et l’allantoïde.
Durant la 4e SD apparaît la première structure
« rénale », paire, à partir du mésoblaste intermédiaire,
le mésonéphros. Des canaux excréteurs
s’individualisent dans sa masse et progressent en
se creusant d’une lumière dans le sens crâniocaudal
(5). Ce sont les canaux mésonéphrotiques
ou de Wolff . Le mésonéphros (fi g. 2) n’est fonc
fonctionnel
au plan urinaire qu’entre 6 et 12 SD.
Les gonades apparaissent précocement (fi n de la 4e
SD) comme un épaississement médial le long du
mésonéphros, la crête génitale. Rapidement s’organisent
en profondeur des expansions épithéliales,
ou cordons sexuels primaires, qui défi nissent
une zone corticale et une médullaire. À la 5e SD,
les gonocytes primordiaux migrent dorsalement
le long de l’anse intestinale primitive, à la fois activement
et par un phénomène de réintégration,
et en suivant son méso atteignent les cordons
sexuels primaires auxquels elles se mêlent (2).
Caudalement, la plicature embryonnaire amène
d’une part la membrane cloacale en position
ventrale, d’autre part l’allantoïde au contact de
l’intestin caudal, réalisant le cloaque. L’existence
du cloaque est à la fois très brève et topographiquement
restreinte. En eff et dès la réintégration
allantoïdienne, le mésenchyme extra-embryonnaire
péri-allantoïdien s’interpose entre l’intestin
caudal et l’allantoïde, les séparant presque complètement
(6). Cette lame tissulaire est appelée
« septum uro-rectal ».
2.2. Développement canalaire commun
Les canaux mésonéphrotiques (de Wolff ) atteignent
la portion allantoïdienne du « cloaque »
pour s’y aboucher vers 29 jours, ce qui
un sinus urogénital provisoire (7). Une semaine
plus tard, les bourgeons urétéraux émergent des
canaux de Wolff , et progressent caudocrânialement
pour rejoindre le blastème métanéphrogène,
à l’origine du rein défi nitif (métanéphros).
Ce bourgeonnement ainsi que la jonction de la
voie excrétrice avec le métanéphros peuvent être
anormaux, donnant les malformations à type de
duplicité pyélo-urétérale. Le métanéphros commence
à produire de l’urine à 8 SD (fi g. 3).
Sous l’induction wolffi enne, une autre paire de
canaux se développe à la 6e SD : l’épithélium coelomique
s’invagine sur les faces latérales des mésonéphros
dans la région gonadique pour former les
canaux paramésonéphrotiques de Müller (8). Ces
canaux progressent le long de la membrane basale
des canaux de Wolff vers le septum uro-rectal.
La constitution de la vessie commence donc dès
la 4e SD, lorsque l’allantoïde est réintégrée dans
l’embryon puis atteinte par les conduits du mésonéphros.
Des phénomènes de croissance diff érentielle
incorporent une partie des uretères dans
la paroi vésicale, en modifi ant la position relative
des canaux mésonéphrotiques, déportés sous la
zone du futur sphincter. Ils sont alors « exclus »
de la vessie, qui est complètement formée à la
10e SD.
2.3. Septation pelvienne
La progression des canaux dans le septum urorectal
termine la septation cloacale vers la 8e SD.
À partir de là, les phénomènes de bascule relative
des canaux de Wolff et des uretères déplacent les
canaux de Müller en position médiane : c’est leur
croissance caudale qui cloisonne le cloaque, séparant
la fi lière digestive en arrière de l’axe urinaire
en avant (1). Dans cette portion, les canaux de
Müller fusionnent sur la ligne médiane. Jusqu’à
la 8e SD, les deux systèmes canalaires se développent
et coexistent de façon identique dans les
deux sexes, ce qui défi nit le stade « indiff érencié »,
et correspond en fait à la mise en place commune
du tractus urinaire défi nitif (métanéphrotique) et
de la septation pelvienne propre aux mammifères.
Les anomalies ano-rectales s’accompagnent
fréquemment d’une fi stule qui fait communiquer
le tube digestif avec le tractus génital (utérovagino-
vulvaire chez la fi lle, vésico-prostatourétral
chez le garçon) (9-11).
Il n’y a pas de régression caudale chez l’homme,
dont l’embryon ne possède à aucun stade de développement
de « queue » au sens propre (2).
2.4. Tubercule génital
Le tubercule génital se forme au pôle crânial de la
membrane cloacale à partir de cellules réintégrées
du mésenchyme extra-embryonnaire. Il est visible
vers la 6e SD comme un épaississement sous
le cordon ombilical (12). Il croît initialement de
façon modérée et s’entoure latéralement de deux
replis génitaux et de deux bourrelets génitaux,
circonscrivant un infundibulum (fi g. 4).
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