Renaissance et temps moderne
Les autres chirurgiens qui ont marqué ces temps anciens furent Guy de Chauliac
à la fi n du Moyen Âge et Amboise Paré au début de la Renaissance.
Guy de Chauliac a décrit une suture « incarnative » qui permet de fermer
les chairs en compensant les pertes de substance, elle consistait à l’aide d’une
aiguille triangulaire à faire alterner à intervalle régulier des noeuds doubles
et des noeuds simples. Cinquante ans plus tard, Ambroise Paré symbolisa la
chirurgie de la Renaissance en publiant en 1543 son livre illustre Sur les plaies
par Hacquebutes. Cependant, Amboise Paré fut considéré à tort parmi tous ses
mérites comme le père de la ligature vasculaire, « rien n’est plus inexact » a
écrit Paul Lecène (26) : « …le mérite d’Ambroise Paré reste donc d’avoir su
montrer, par son expérience personnelle, que les moignons d’amputation
guérissaient tout aussi biens, sinon mieux, quand on liait les vaisseaux coupés
sur le moignon que si l’on employait le fer rouge ou des caustiques chimiques
pour arrêter le sang, ce qui était alors la pratique presque universelle des chirurgiens
d’armée. »
Progressivement, grâce aux progrès de l’anatomie, la chirurgie de la renaissance
se développa et 2 500 ans après le Susruta Samhita les chirurgiens italiens
ont redécouvert la chirurgie reconstructrice. Tagliacozzi publia en 1597 son
traité sur les greffes cutanées et autoplasties, cet auteur utilisa les sutures directes
mais aussi un dispositif en cuir maintenant la greffe en place après l’opération
de la rhinoplastie. Jusqu’au XIXe siècle, les méthodes chirurgicales proposées
évoluent lentement, citons par exemple Philippe Hecquet qui suture les plaies
de l’abdomen avec une technique très proche de celle de Celse et de Mondeville
(27) : « Ces plaies sont-elles pénétrantes ? On rapproche les bords les uns des
autres ; et on les tient ainsi rapprochés soit par la position que l’on donne au
malade, soit par des bandelettes agglutinatives, soit enfi n par un bandage de
corps ou la suture. »
Deux découvertes parallèles ont permis le développement de la chirurgie :
l’utilisation de l’anesthésie et la découverte de l’antisepsie. Pour lutter contre
la douleur on utilisait depuis le Moyen Âge du vin chaud pour enivrer le
patient, des éponges imprégnées de soporifi ques et rarement des clystères
narcotiques. Il fallut attendre 1846 pour voir se diffuser dans toute l’Europe
une méthode d’anesthésie à l’éther. En parallèle, un autre obstacle fut
vaincu : l’infection postopératoire appelée aussi la fi èvre des plaies. L’avancée
thérapeutique commença avec les travaux précurseurs de Ignaz Semmelweis,
d’Olivier Wendell et de Sir Thomas Spencer Wells. Mais il faudra attendre
les découvertes de Pasteur et leurs utilisations par Joseph Lister pour voir
comprise et appliquer une méthode thérapeutique. Tout était enfi n prêt pour
la diffusion des techniques chirurgicales. C’est à travers les outils que l’on
aperçoit les progrès des techniques de ligature, au XIXe siècle, ils expriment
l’accord de l’esprit et du geste. La création de ces outils a nécessité la collaboration
étroite de l’artisan et du chirurgien. Paul Landrin, dans son Manuel
complet du fabricant d’instrument de chirurgie, intitula son premier chapitre
« La synthèse ou la déligation », et à travers les descriptions des différents
types d’aiguilles transparaît l’évolution des techniques et de la compréhension
chirurgicale (28) : « Généralement cylindrique, droit ou courbe selon sa vocation,
tel est le corps. Terminé soit par un bouton, un chas ou un anneau, soit
plus fréquemment par un manche, telle est la tête. Pour la pointe, les variantes
viennent en nombre, car elle peut être conique, terminée en piquant fi n et
délié, en carrelet ou en agression aiguë à quatre carres, enfi n elle présente à
l’occasion la forme d’une gouge, d’une cuiller. »
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