Les tests fonctionnels non invasifs
R.J. Opsomer, B. Leroy, M.P. Damiens, F. Thuysbaert, C. Martinez
2. Tests destinés à objectiver
l’incontinence urinaire
2.1. Le catalogue mictionnel (carnetmictionnel – fi che mictionnelle – calendrier mictionnel)
Le patient collige sur une fi che une serie d’informations
pertinentes et contributives au diagnostic
de la pathologie urinaire a investiguer, et
ce, au minimum 3 jours d’affi lee (fi g. 2). Il est
demande au patient de selectionner des journees
representatives de la vie normale (activites de semaine
et de week-end) et de ramener les fi ches
a l’occasion de la consultation suivante. Le catalogue
mictionnel permet ainsi de colliger une
serie de parametres urinaires fonctionnels : la frequence
mictionnelle diurne et nocturne, le volume
urine et eventuellement le residu postmictionnel
et la survenue ≪d’incidents ≫tels que :
fuites d’urines par urgence ou a l’eff ort, episodes
d’enuresie, douleurs avant, pendant ou apres la
miction, hematurie macroscopique, ecoulement
uretral, dribbling postmictionnel…
La place du catalogue mictionnel est egalement
abordee dans le chapitre 5 du present ouvrage :
la gestion des boissons, voire le bilan des ≪ entrees
et sorties ≫ sous forme de journalier sont
utiles chez les patients suspects de potomanie. Il
ne faut toutefois pas trop compliquer la collecte
des informations, au risque de recevoir un carnet
ininterpretable si le patient est confus ou au
contraire obsessionnel !
2.2. Le pad (weighing) test ou
test de quantifi cation des pertes
d’urines
Le pad test a pour but de quantifi er l’incontinence
urinaire d’eff ort. En eff et, s’il est indispen-
sable d’objectiver l’incontinence, il est tout aussi
important de la quantifi er par unite de temps.
La quantite d’urines perdues (en gr) permettra
d’orienter le traitement (conservateur ou chirurgical).
Le principe est de demontrer la realite de
l’incontinence au cours d’un test dynamique
dans un contexte ≪naturel ≫(a domicile) ou
standardise a l’hopital et de preciser la quantite
d’urines perdue par unite de temps. Il existe differents
protocoles de tests de quantifi cation des
pertes d’urines, selon la duree de l’examen (1 h,
2 h, 24 h, 48 h) et le type d’exercices eff ectues :
exercices standardises a l’hopital (marche, sauts,
fl exions…) ou vie normale a domicile (2-6).
Fig. 3 - Le pad test : la protection est pesée avant et à la fi n du test. |
dans le slip. Celle-ci sera pesee a 2 reprises : avant
le demarrage du test et a la fi n de celui-ci (fi g. 3).
La diff erence de poids correspond au volume des
pertes (en gr).
2.2.1. Le pad test de 60 minutes
Le deroulement du test est detaille a la fi gure 4.
Le patient recoit la consigne de ne pas se presenter
aux toilettes dans les minutes qui precedent
l’examen et (de tenter) de se retenir d’uriner
durant le test. Durant les 20 premieres minutes
du test, il est invite a boire 500 ml d’eau. Il lui
est ensuite demande de marcher et de monter
Fig. 4 - Déroulement d’un pad test de 60 minutes : document
« mémo » destiné au personnel soignant du laboratoire d’urodynamique des cliniques Saint-Luc. |
quelques volees d’escalier durant 30 minutes. Il
revient au laboratoire d’urodynamique a la 50e
minute ; il y sera soumis a une serie d’exercices
standardises sous le controle de l’infi rmiere. Le
test s’acheve a la 60e minute par une debitmetrie
urinaire completee par la mesure du residu postmictionnel
par ultrasonographie. La serviette est
pesee une 2e fois a la fi n du test (2-4).
Resultats
Les resultats du test seront stratifi es en 3 categories
en fonction de l’importance de l’incontinence
(tableau I). Le grade 0 : le patient perd entre 0 et
1 gr. Compte tenu de la sensibilite de la balance,
le test est, en principe, considere comme negatif ;
par ailleurs il convient aussi de tenir compte de la
transpiration locale. Le grade I (pertes de 2 a 10 gr) :
pertes moderees d’urines. Le grade II (pertes de
> 10 gr) : pertes majeures.
L’interet de ce test reside dans son caractere non
invasif. Pratique dans des conditions standardisees
et reproductibles, le test peut etre applique
individuellement avant et apres instauration
d’un traitement particulier (ex. : kinesitherapie,
Tableau I - Résultats du pad test
de 60 minutes : stratifi cation en fonction
du degré d’incontinence
cure chirurgicale de l’incontinence). Il permet
des lors de controler l’effi cacite du traitement (le
patient est son ≪propre controle ≫) et de rassurer
le patient… et eventuellement son medecin sur
l’effi cacite de la therapeutique instauree.
Limites du pad test de 60 minutes
–Il n’est pas toujours facile d’evaluer le degre
de repletion de la vessie au debut et au cours
du test sur base des sensations rapportees par
le patient. La repletion vesicale peut toutefois
etre evaluee par une echographie abdominale
(ou un bladder scan). On estime que le test de
quantifi cation des pertes d’urines est interpretable
si la vessie (d’un patient adulte) contient
au moins 150 ml en fi n de test. La debitmetrie
urinaire pratiquee apres le pad test permettra
donc de juger de la repletion vesicale.
–Le degre d’hydratation du patient est important.
Il conviendra de realiser le test en fi n de
matinee ou en debut d’apres-midi d’une journee
normale.
–Les exercices proposes sont ≪ standardises ≫ :
le test peut donc sous-evaluer ou au contraire
surevaluer l’incontinence suivant la condition
physique du patient (homme actif sur les plans
professionnel et sportif vs la personne agee sedentaire).
2.2.2. Le pad test de 24 heures
La quantifi cation de l’incontinence urinaire sur
une periode prolongee et dans des conditions naturelles
est bien entendu theoriquement preferable.
Toutefois, d’autres obstacles peuvent surgir :
conservation adequate des serviettes, erreurs dans
les mesures eff ectuees par le patient a domicile.
2.2.3. Le pad test à l’Uropyrine®
Certains patients convaincus qu’ils sont incontinents,
malgre un pad test negatif, peuvent etre soumis
a un test de quantifi cation ≪ sensibilise ≫ par la
prise de phenazopyridine (UropyrineR) qui colore
les urines en orange (5). Concretement, le patient
prendra 2 comprimes de phenazopyridine 2 heures
avant le test. Cependant, il n’est pas impossible
qu’une petite quantite d’UropyrineR soit excretee
via la transpiration, ce qui risque de fausser le test.
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