Plaies de la langue
Elles sont très fréquentes et en général liées à une morsure (bord tranchant des
incisives le plus souvent). Certaines variétés de plaies peuvent mettre en jeu le
pronostic vital (hémorragie grave, étouffement).
Rappel : devant une morsure de langue, penser à une crise comitiale.
Plaie simple de la langue
Punctiforme, elle ne nécessite pas de suture, la cicatrisation spontanée étant
excellente. Étendue sans perte de substance, la suture s’impose. Elle se fera à
points séparés à l’aide de fi l résorbable de section moyenne (3/0 par exemple).
Plaies complexes de la langue
Elles sont généralement affaires de spécialiste, le rôle du médecin de porte étant de
mettre la victime en condition : bilan préopératoire et prévention des complications.
Ptôse linguale
C’est une complication redoutable bien connue des médecins militaires. On
doit l’avoir à l’esprit dans quelques circonstances :
– fracture mandibulaire associée (parasymphysaire bilatérale) ;
– destruction du plancher de la bouche (plaie par arme à feu) ;
– délabrement de la langue.
Elle consiste en une chute de la langue qui provoque une obstruction des
voies aériennes supérieures à l’origine d’une asphyxie. Elle doit donc être
prévenue et, ce, sans attendre l’arrivée du spécialiste.
Plusieurs solutions sont utilisables en fonction des moyens à disposition :
– le maintien de la langue à l’aide d’une pince si la prise en charge spécialisée
peut être mise en oeuvre rapidement ;
– la suture provisoire de la langue à la muqueuse jugale ;
– le « brochage » de la langue avec les deux parois jugales (broche de
Kirschner) lors de traumatisme en situation de guerre par exemple.
Plaies et faces d’extension des membres
Ce chapitre ne correspond pas à l’immobilisation à appliquer après le traitement,
ceci étant discuté à la page suivante, mais plutôt de la méthodologie de la
suture dans ces cas particuliers de plaies en regard d’une articulation, celles-ci
étant soumises à de fortes tensions.
Bien entendu, dans cette démarche s’inscrira la recherche d’une brèche articulaire
qui amènera à confi er le blessé au spécialiste. Nous nous plaçons donc
dans le cas d’une plaie superfi cielle en regard d’une articulation, et plus précisément
du genou et du coude.
Plaies du genou
Il faut placer le patient en décubitus dorsal, membres inférieurs en extension. Il
apparaît tout de suite un relâchement du revêtement cutané peu propice à une
bonne appréhension de la plaie. Il s’ensuit donc un risque de décalage d’autant
plus important que la plaie est complexe. Si maintenant le genou est fl échi, on
se rend compte que la suture est beaucoup plus diffi cile en raison de la mise en
tension de la plaie.
En conséquence, il semble que la position la plus favorable soit intermédiaire,
autrement dit une légère fl exion du genou de manière à éviter une suture
décalée tout en profi tant de l’élasticité de la peau.
Plaies du coude
Le problème est identique et encore majoré par l’élasticité plus importante de la
peau. Une bonne position pour une suture de la face postérieure du coude est
donc la semi-fl exion.
Plaies des faces de fl exion
Elles posent davantage de diffi cultés. En effet, deux cas peuvent se présenter, soit
la plaie est parallèle au pli de fl exion, soit la plaie barre l’articulation. Les plaies
parallèles aux plis de fl exion ont tendance à s’ouvrir en extension. On aura donc
intérêt à les suturer en position de légère fl exion. Ces plaies, une fois cicatrisées,
sont en général bien tolérées. Preuve en est que les voies d’abord chirurgicales,
la plupart du temps, évitent de barrer les plis de fl exion.
En revanche, les plaies obliques ou perpendiculaires ont tendance à être
mises en tension en extension. On procédera donc à leur suture dans cette position.
La principale complication de cette confi guration de plaie, sans même
préjuger de la gravité des lésions est la bride rétractile qui, à terme, risque de
provoquer un fl essum irréductible, ceci étant valable aussi bien pour le genou
que pour le coude. La conséquence est double : obtenir une suture mobile mais
solide pour permettre une mobilisation précoce.
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