samedi 5 octobre 2013

DOULEUR CHRONIQUE



DOULEUR CHRONIQUE


La prise en charge d'une douleur chronique relève de la compétence d'une

équipe pluridisciplinaire. Néanmoins, quelques éléments peuvent servir de

guide lorsque l'anesthésiste est confronté à ce type de douleur.

LA DOULEUR CHEZ LE CANCÉREUX EST SOUVENT

MULTIFACTORIELLE -----------------

• Maladie cancéreuse elle-même.

• Thérapeutique anticancéreuse.

• Symptômes associés.

• Etat grabataire.

• Détresse psychique.

Plusieurs types de douleurs peuvent coexister

• Bilan complet c linique et paraclinique : éléments nociceptifs et neuropathiques

souvent anotés.

• Coter la douleur grâce à des échelles d 'auto-évaluation (des échelles plus

complexes intégrant l'analyse des caractéristiques de la douleur et son

retentissement [QDSA} peuvent être utilisées).

• Vérifier que les médicaments sont pris à heures régulières.

• Réévaluer régulièrement le traitement et l'adapter.

Prise en charge psychologique

• Etat dépressif, anxiété, griefs favorisant la persistance de la douleur.

• Ecoute, disponibilité, prudence dans les promesses de soulagement sont

indispensables, parfois aidées par un traitement anxiolytique.

TRAITEMENTS--------------------

• Echelle corrigée (OMS) de prescription hiérarchisée des analgésiques.

• Les co-analgésiques peuvent être associés pour leur action synergique ou

pour l'action propre de certains (tricycliques, anti-épileptiques).

DOULEURS SENSIBLES À LA M ORPHINE 

(c f. Morphine et autres opiacés)-------------------------Les

principes

• Voie orale, si possible ou la plus s imple possible.

• Le produit doit être pris à heures fixes (excepté doses de secours).

• La détermination individuelle des doses efficaces est impérative.

• Penser aux médicaments adjuvants: la constipation est constante et doit

être prévenue systématiquement.

Les produits (cf. Autres opiacés)

• Codéine: 1 à 2 cp/4 ou 6 h.

• Buprénorphine: 0,2 à 1 ,2 mg/6 à 8 h. Peu utilisée car addictogène. La

dépression respiratoire est comparable à tous les opiacés à dose équianalgésique.

• Morphine à libération normale:

- Début du traitement : 1 mg/kg/j.

-Administrée toutes les 4 h.

- Après 12 h, augmenter les doses de 50 % si douleur résiduelle.

- Dose efficace trouvée en 2-3 jours.

• Morphine LP (libération prolongée)

- Peut remplacer la morphine une fois la dose efficace déterminée.

- La moitié de la dose quotidienne est administrée toutes les 12 h.

- Jéjunostomie possible pour les gélules de Skénan® (rinçage abondant).

• Fentanyl transdermique: patch à 25, 50, 100 ~-Jg/h de fentanyl. Délai d'action

12 h, durée d'action 72 h.

Autres voies d'administration

• Règles de conversion de morphine: dose intraveineuse = 1 /3 de la dose

orale; dose sous-cutanée = 1 /2 de la dose orale (cf. Conversion des analgésiques

per os vers morphine orale).

• Sous-cutanée: par "butterfly» laissé en place: au mieux, injection de la

moitié de la dose orale toutes les 4 h.

• Voie spinale: exceptionnelle actuellement. Relève des centres spécialisés.

Les effets secondaires

• Somnolence (76 %) : disparaît au cours du traitement.

• Constipation (84 %) : persistante, très invalidante, doit être traitée préventivement.

- Régime adapté.

- Lactulose: 2 à 3 c à s par 8 heures.

- Paraffine: 1 à 4 c à s par 2 heures.

- Pyridostigmine: 1 cp matin et soir.

• Nausées, vomissements (38 %) :

- Dropéridol lM {1 amp = 5 mg = 2 ml); IV (1 amp = 2,5 mg = 1 ml)

IV: 1/4 à 1/2 amp, 1 amp ma.xi.

- Puis relais par halopéridol 5 à 1 0 gouttes par 1 2 heures.

• Prurit (30 %) souvent non gênant.

• Si insuffisance rénale (créatininémie > 150 1-JmoVI): espacer les prises.

DOULEURS PARTIELLEMENT MORPHINO-SENSIBLES ___ _

Douleurs osseuses

• Aspirine: 0,5 à 1 g toutes les 4 à 6 heures.

• Ou AINS: naproxène, diclofénac.

• Associé à la morphine.

• Discuter la radiothérapie interne ou externe à visée antalgique et les

biphosphonates intraveineux.

C ompression nerveuse

• Morphine.

• Dexaméthasone: 4 mg/24 h.

• Prednisolone: 20 à 80 mg/24 h.

Traitement non médicamenteux

• Stimulation nerveuse transcutanée (TENS).

• Acupuncture.

• Hypnose : son efficacité est à p résent p rouvée. Elle peut être active sur tout

type de douleur.

DOULEURS NEUROPATHIQUES ---- -------•

Périphériques (diabète, HIV, zona) ou centrales (lésion médullaire, AVC).

Les caracté ristiques de la douleur

• Fond continu: brûlures, paresthésies aggravées par l'allodynie (douleur au

toucher).

• Décharges électriques brutales.

• Topographie nerveuse.

EVALUAT ION PAR ÉCHELLE DN4 (voir tableau) ______ _

Le p rincipe du traitement curatif

• Efficacité souvent partielle.

• Délai d'efficacité de 1 à 2 semaines.

o Nécessité d'une adaptation individuelle++ ..

Il associe traitements médicamenteux, techniques de stimulation électrique.

appareillage prothétique, réinsertion et psychothérapie.

o Morphine: rôle d'appoint efficace. ·

Les produits

• Amitriptyline: 10 à 25 mg le soir (Cl: glaucome, hypertrophie prostate).

• Clomipramine: 10 à 125 mg/j (Cl : glaucome, hypertrophie p rostate).

• Clonazépam: 1 mg le soir (1"'" prescription par neurologue pour permettre

le traitement à domicile).

• Gabapentine: 300 à 3600 mg/j par paliers de 6 à 14 j; dose moyenne

1 200 mg.

• Prégabaline: 75 à 600 mg/j par palier de 7 j. Dose moyenne= 300 mg.

• Carbamazépine: 100 à 200 mg par 8 à 12 h, puis augmenter les doses

si nécessaire, mais surveillance hépatique. Réservé en princ ipe à l'algie

vasculaire de la face.

• Oxcarbazépine: remplace le carbazamépine. Débuter à 300 mg x 2 puis

augmentation progressive.

Stratégie thérapeutique

• Aider par une approche non pharmacologique (kinésithérapie, psychologie).

• Si lésion postherpétique, infiltration locale de lidocaïne.

• Si échec, monothérapie avec un traitement de première ligne (antidépresseur

tricyclique ou gabapentine ou prégabaline ou inhibiteur de la recapture

de la sérotonine ou carbamazépine).

• Si efficacité partielle seulement, associer l'un des traitements de première

ligne non encore utilisés.

• Si échec arrêter le traitement et le remplacer par un autre de 1 ere ligne.

• Si efficacité partielle, envisager d'associer un opiacé (morphine ou tramadol).

• Douleur du moignon due souvent à une épine irritative ou à un névrome.

• Douleur fantôme-sensation fantôme : sensations douloureuses localisées

dans le membre fantôme et imputables à la section nerveuse. Ces

douleurs intermittentes avec des paroxysmes peuvent être extrêmement

intenses, à type de brûlures ou de crampes dans la partie distale du membre.

Elles affectent plus de 70 % des patients en postopératoire immédiat, et se

chronicisent chez 50 % d'entre eux. Dans 10 % des cas, les douleurs sont

identiques aux douleurs pré-amputation, surtout en l'absence d'analgésie

préopératoire. Une analgésie péri-opératoire avec clonidine intrathécale,

gabapentine ou kétamine par voie générale pourrait les améliorer.

• L'analgésie péridurale péri-opératoire (même débutée en préopératoire) ne

semble pas rédu1re le nsque de douleur fantôme.

VOIE TRANSCUTANÉE: VERSATIS®

• Emplâtre de lidocaïne 5 %.

• Mettre sur peau saine pendant 1 2 h.

• Indiqué dans les douleurs neuropathiques en particulier postzostériennes.

• Maxi: 3 emplâtres simultanés.

DOULEURS MUSCULAIRES------- ------Souvent

en rapport avec une atteinte osseuse et l'état grabataire.

• En association avec la kinésithérapie.

• T étrazépam : 1 /2-1 cp/ 8 h ; thiocolchicoside : 1 à 3 cp/j ; diazépam : 2 à

5 mg par 12 h; baclofène: 1 à 3 cp/j.

• Injection des zones gachettes avec un AL {lidocaïne 1 %, 1 à 2 ml).

QUESTIONNAIRE DN4

• Oui = 1 point et Non = 0 point.

• Valeur seuil pour le diagnostic de douleur neuropathique : 4/1 O.

• Spécificité: 81,2%; sensibilité: 78 %.


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