LA MALADIE ÉPIDÉMIQUE
Endémicité et épidémicité
On peut dire que toutes les maladies infectieuses offrent, au moins, un certain degré de contagiosité, puisque toutes peuvent se transmettre expérimentalement ou par suite d'une contamination accidentelle. Cependant, il est nombre d'infec-tions, même communes, qui ne se présentent à l'observation que sous forme de cas isolés, sans enchaînement à d'autres cas. La transmission par contagion ne saurait, dans ces maladies, être réalisée d'un individu sain à un individu malade. Les conditions que cette transmission exige ne le permettent pas. II faut que cha-que malade prenne son infection à la source commune.
Certaines de ces maladies sont liées à un facteur local, au sol par exemple, et n'ont, de ce fait, aucune tendance au déplacement. Il est des aires géographiques pour ces maladies. La famille des fièvres récurrentes nous fournit, à ce sujet, d'exemples nombreux. Toutefois, le déplacement du facteur, en apparence le moins mobilisable, n'est jamais impossible. Une espèce d'ornithodores qui parasi-te les rongeurs d'une région et paraît localisée aux terriers de cette région peut étendre son aire géographique. La même tique peut être transportée brusquement par un animal vagabond de son habitat ordinaire à un habitat éloigné et transporter avec elle le virus pathogène qu'elle héberge. En ce qui concerne les fièvres récur-rentes, tous les ornithodores qui parasitent des mammifères peuvent transmettre indifféremment n'importe lequel des agents de ces fièvres. Le déplacement d'un malade suffit donc à déplacer la maladie, sans que l'ornithodore ordinaire qui le transmet se déplace. Cependant, de telles maladies offrent un caractère de stabilité très grand. C'est pourquoi l'on peut en faire le type des maladies endémiques.
Il est, pour les maladies épidémiques, des cas isolés auxquels convient égale-ment le terme endémique, lorsque, les conditions ordinaires de diffusion venant à manquer, il ne se produit pas de passages du malade à l'homme sain. Une maladie, aussi diffusible que la fièvre jaune, trouve ainsi une barrière à son extension dans l'impossibilité où se rencontre son virus d'évoluer chez le moustique au-dessous d'un certain degré de température. Mais cette barrière géographique actuelle ne pourra-t-elle pas être, plus tard, reculée, même abolie ?
Tout donc, dans la diffusion des maladies, comme dans tout phénomène bio-logique naturel, est affaire de circonstances. Par conséquent, sachons, en conser-vant ces termes commodes : endémicité, épidémicité, qu'il n'existe pas, entre les catégories qu'elles étiquettent, de barrière qu'un agent pathogène ne puisse fran-chir ou derrière laquelle il ne puisse s'enfermer.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire